Les troubles digestifs

Les troubles digestifs sont au cœur des maladies chroniques. Sans une bonne digestion, difficile de rester en bonne santé ou de la retrouver !

Dans cet article, je vais aborder les nombreuses causes des problèmes digestifs : alimentation déséquilibrée, défaut de mastication, manque d’acidité gastrique, mauvaise sécrétion d’enzymes digestives ou de bile, dysbiose, mycose intestinale et problème de mucus.

Il est possible de cumuler plusieurs causes, car tout fonctionne en synergie - dans le tube digestif, comme dans le reste du corps.

L’alimentation

🍭 Une alimentation trop sucrée et/ou trop glucidique (trop de pain, pâtes, riz, pommes de terre…) favorise la dysbiose et la candidose intestinale, c’est-à-dire un excès de bactéries pathogènes et de champignons.

🍗 Une carence en protéines entraîne un manque d’acidité gastrique, elle-même essentielle à la digestion des protéines, et d’enzymes digestives.

🧈 Manger trop peu de gras ou à l’inverse trop de gras transformés déséquilibre également la flore intestinale et la synthèse de la bile qui sert justement à digérer les graisses.

🏃🏽‍♂️ Un repas pris sur le pouce, avalé à toute vitesse sans prendre le temps de bien mâcher saute les étapes essentielles que sont la mastication et l’insalivation des aliments.

🥒 Un manque de fibres peut causer une constipation, alors qu’un excès de fibres peut engendrer des ballonnements. Selon votre problématique, il peut être intéressant d’augmenter les légumes et les fruits (crus & cuits) ou au contraire de réduire les crudités le temps de régler le problème de fond.

🍊 De même, les fruits en fin de repas peuvent fermenter dans l’estomac et créer des gaz intestinaux. On préférera les fruits sur un ventre vide, au moment du goûter par exemple.

L’alimentation impacte toutes les autres causes de troubles digestifs. La première étape est donc d’équilibrer votre assiette.

La mastication

Mastiquer, c’est la toute première étape de la digestion qui « mâche » le travail (pardonnez-moi le jeu de mots facile 😄) de l’estomac. 

L’un des rôles de l’estomac est de broyer nos aliments : plus on lui facilite la tâche, mieux il se porte.

Dans la bouche, avec l’aide de nos dents, l’idée est de réduire les aliments en bouillie en mastiquant chaque bouchée une vingtaine de fois. 🤓 Ça peut vous sembler beaucoup, mais sachez que l’Ayurveda conseille de mâcher une cinquantaine de fois !

Autre bénéfice clé : pendant la mastication, la salive se mélange aux aliments 🤤 Saviez-vous que notre salive contient des enzymes digestives ? Elle renferme notamment de l’amylase qui initie la digestion des glucides (céréales, patates douces, pâtes, sucres…) avant que celle-ci ne se poursuive dans l’intestin grêle. La mastication et l’insalivation valent aussi bien pour les liquides, purées et soupes afin de bien les digérer.

L’acidité gastrique

En plus de broyer nos aliments, l’estomac est chargé de produire de l’acide chlorhydrique qui digère et dégrade les aliments en plus petites molécules. Si l’estomac n’est pas assez acide, la digestion est lente et les aliments stagnent trop longtemps dans l’estomac. Cela peut engendrer des reflux qui causent des brûlures d’œsophage : même s’il n’y a pas assez d’acidité, ça reste très acide pour les muqueuses œsophagiennes 🔥

L’acidité gastrique est particulièrement cruciale pour les protéines. Mais elle est essentielle à tous les repas car le bol alimentaire (ce qui sort de l’estomac pour progresser dans le tube digestif) doit être très acide afin de déclencher la sécrétion d’enzymes digestives et de bile.

Sans acidité gastrique suffisante, on risque une mauvaise digestion dans l’intestin, des ballonnements et des gaz ! 

Les enzymes digestives et la bile

Comme c’est l’acidité de ce qui sort de l’estomac qui signale au pancréas & foie de produire des enzymes digestives et de la bile, si le bol alimentaire n’est pas assez acide, le pancréas et le foie ne produiront pas les éléments nécessaires pour poursuivre la digestion. 

Les enzymes sont des molécules qui déclenchent des réactions chimiques - ici, la dégradation des molécules alimentaires en molécules assimilables par les cellules de l’intestin. Par exemple, les protéines sont dégradées en polypeptides, puis en peptides & dipeptides et enfin en acides aminés. Sans les enzymes intestinales et pancréatiques, impossible pour les aliments d’atteindre la forme chimique nécessaire pour traverser la paroi intestinale et se retrouver dans le sang où ils seront transportés aux cellules (le but ultime de manger = nourrir nos cellules).

La bile, sécrétée par le foie puis stockée et déversée par la vésicule biliaire, sert à digérer les graisses et à alcaliniser (rendre moins acide) le milieu intestinal pour assurer le bon fonctionnement des enzymes. Elle est aussi antibactérienne et antifongique : elle maintient l’équilibre du microbiote 🦠 Si votre vésicule biliaire a été retirée, il se peut que vous n’ayez pas assez de bile lors des repas pour bien digérer.

Vous l’aurez compris, sans enzymes ni bile, c’est l’indigestion. Qui dit indigestion dans l’intestin dit déséquilibres dans le côlon : ballonnements, gaz et transit perturbé (= selles non moulées, constipation, diarrhée ou alternance…) 💩 Ce qui dysfonctionne en amont engendre d’autres désagréments en aval : la digestion est une réaction en cascade qui doit fonctionner de manière optimale de la bouche jusqu’à l’anus 🚽

Le microbiote

Autres grandes causes de troubles digestifs : la dysbiose intestinale, la candidose et le SIBO (excès de bactéries dans l’intestin grêle).

Quand les microorganismes vivant dans nos intestins ne sont pas équilibrés entre eux (trop de bactéries pathogènes ou opportunistes, parasites, champignons ou pas assez de bactéries bénéfiques), ils peuvent créer de sacrés désordres ! Gaz, ballonnements, gonflement du ventre, nausées, faim quasi permanente, envies de sucre, douleurs abdominales… 🦠 Les « mauvaises » bactéries savent nous faire savoir ce qu’elles veulent (manger du sucre) et pulluler dans notre intestin au détriment de notre santé.

Par ailleurs, notre microbiote a un rôle digestif à proprement parler. Nous avons vu jusqu’à présent la digestion physique (mastication dans la bouche + brassage dans l’estomac) et la digestion chimique (enzymes digestives + bile). Il existe aussi la digestion bactérienne : la flore intestinale du côlon est chargée de digérer les fibres, certains amidons complexes, entre autres nutriments non assimilés. Elle dégrade aussi le cholestérol et favorise le transit intestinal.

De plus, la flore colique est responsable de la synthèse de certains nutriments : vitamine K2 (santé osseuse & coagulation), vitamines B (système nerveux, régulation hormonale, métabolisme énergétique) et acides gras à chaîne courte comme le butyrate, protecteurs de la muqueuse intestinale.

Une flore intestinale déséquilibrée engendre donc divers désagréments plus ou moins invalidants : de l’inflammation chronique dans l’intestin (risque de maladie systémique chronique), des symptômes digestifs douloureux, une digestion loin d’être optimale et une santé générale qui en prend un coup du fait des carences et de l’inflammation.

Le mucus intestinal

Dernière cause dont je veux vous parler dans cet article : le mucus intestinal. Avez-vous déjà entendu parler de cette substance clé pour votre santé intestinale ?

Le mucus joue 3 rôles principaux. 

  • Protéger la paroi intestinale : les cellules de l’intestin (qui digèrent & envoient les nutriments dans le sang) sont fragiles et ont besoin de la protection d’une bonne couche de mucus, sans quoi on risque l’hyperperméabilité intestinale.

  • Abriter le microbiote : le mucus sert de « maison », d’habitat aux bactéries de la flore. Sans lui, les bactéries ne peuvent pas se fixer dans l’intestin. Ceci peut parfois expliquer qu’on ne ressente pas d’amélioration durable malgré la prise de probiotiques.

  • Fluidifier le transit intestinal : le mucus soutient la progression des selles, il fait avancer le schmilblick comme j’aime dire 🙃 Certaines constipations chroniques (ou alternances diarrhée / constipation) sont causées par un manque de mucus.

Or, il existe chez 20 % des personnes un polymorphisme génétique (variation d’un gène) qui entraîne la non-sécrétion (ou l’hyposécrétion chez certains) de mucus intestinal. Ce gène FUT2 code pour la fabrication d’une enzyme (la fucosyltransférase) indispensable à la sécrétion des composants du mucus intestinal (dont le 2’-fucosyllactose). Les non sécréteurs sont plus à risque de problèmes digestifs récurrents, de dysbiose et de maladies auto-immunes ou intestinales chroniques.

Le 2’-fucosyllactose est présent en abondance dans le lait maternel. Les nourrissons allaités par des mères non sécrétrices sont à risque de carence, a fortiori s’ils ont hérité d’un polymorphisme non fonctionnel. En cas de troubles digestifs de longue date (voire depuis la naissance ou la petite enfance), on peut donc penser à vérifier l’état de sécrétion du mucus intestinal ! 

La nutrithérapie ne remplace en aucun cas un suivi médical ou paramédical. Toujours poursuivre vos traitements en cours et ne jamais arrêter un traitement sans l’avis de votre médecin.

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